28 février 2007

Des chercheurs qui lisent dans vos pensées

Des scientifiques affirment pouvoir prédire des intentions

«Pour la première fois, ces technologies nous donnent la possibilité réelle d'aller chercher à la source ce que quelqu'un pense ou ressent, sans qu'il puisse nous en empêcher»

Lire dans les pensées ne sera peut-être bientôt plus de la science-fiction: un appareil d'imagerie cérébrale a permis à une équipe de chercheurs allemands de déterminer les intentions d'un individu, tout du moins lorsqu'il s'apprête à réaliser une tâche simple.

Les volontaires qui ne se doutaient pas une seconde que dans la pièce à côté, des scientifiques tentaient de lire dans leurs pensées, s'apprêtaient soit à compter (addition ou soustraction), soit à presser un des deux boutons à proximité.

Ces travaux, conduits par le Dr John-Dylan Haynes, du centre Bernstein de Berlin, ont débuté en juillet 2005. Bien que d'étendue limitée (seules 21 personnes ont été testées jusque-là), la recherche menée à l'Institut de la cognition et des neurosciences Max Planck à Leipzig (150 km environ au sud-ouest de Berlin), a suscité l'intérêt de la communauté scientifique.

Les chercheurs ont demandé aux participants de choisir entre additionner ou soustraire deux nombres quelques secondes avant que ces nombres ne soient visibles sur un écran. Dans cet intervalle, un ordinateur a retranscrit en images les mouvements cérébraux, de manière à prédire la décision, un modèle suggérant une addition, l'autre une soustraction.

L'équipe de Haynes a d'abord essayé d'identifier la partie du cerveau commandant les intentions. En scannant le cerveau, à la recherche d'une zone d'hyperactivité cérébrale observée lorsqu'un patient a à choisir, ils ont découvert que le centre de commande des intentions se situe dans le cortex pré-frontal. Ensuite, ils ont étudié quel modèle était associé aux différentes intentions.

«Si vous saviez quelles signatures de pensée chercher, vous pourriez en théorie prédire avec plus de précision ce que les gens vont faire», a estimé Haynes.

Pour l'heure, lire les pensées est un processus laborieux et les scientifiques n'ont aucune chance de pouvoir espionner subrepticement un processus de décision: l'étude de Haynes ne concerne que des gens face à deux alternatives, et non confrontés aux innombrables choix de chaque jour.

Mais les scientifiques font suffisamment de progrès pour inquiéter les défenseurs de l'éthique, la recherche étant déjà passée de l'identification des régions du cerveau dans lesquelles apparaissent certaines pensées à l'identification de leur contenu.

«Pour la première fois, ces technologies nous donnent la possibilité réelle d'aller chercher à la source ce que quelqu'un pense ou ressent, sans qu'il puisse nous en empêcher», a déclaré le Dr Hank Greely, directeur du centre Loi et Sciences biologiques de l'Université de Stanford. «Le concept même de garder ses pensées privées pourrait être profondément modifié dans le futur», a-t-il jugé.

Certains s'inquiètent déjà de la portée de ces découvertes qui, à l'image du film de science-fiction "Minority report", pourraient inciter les autorités à agir contre des individus avant même qu'un crime ait été commis. Les Britanniques ont déjà mis en place un fichier ADN qui pourrait aider les autorités à suivre les personnes jugées violentes. De plus, le gouvernement a lancé l'idée de détenir les gens présentant un trouble de la personnalité susceptible pourrait conduire à un comportement criminel.

Malgré toutes ces craintes, Haynes voit pour l'instant des applications pratiques bien plus innocentes. Comme de participer au perfectionnement de machines déjà existantes, capables de répondre aux signaux cérébraux et qui permettent ainsi aux paralysés de changer de chaîne de télévision ou de surfer sur Internet.

Source : Associated Press (AP)
 
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